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dimanche 8 mai 2016

[#7 Au quotidien] Le mariage et le divorce dans l'Histoire

"Ils se marièrent, eurent beaucoup d'enfants et vécurent heureux jusqu'à la fin des temps".
Je crois qu'on a été assez peu à le croire véritablement. Et aujourd'hui en France, un mariage sur deux finira en divorce si l'on en croit les chiffres de l'Insee distribués pour 2014 qui cite 120 000 divorces pour 231 000 mariages.
Le nombre de mariages hétérosexuels baisse chaque année et, grâce au PACS ou à l'union libre, de très nombreux couples décident de ne pas franchir le pas de cette engagement plus lourd de conséquences notamment en terme de séparation.

Mais ces possibilités de liberté sont, comme vous le savez déjà, très récente et le mariage, l’institution de la famille par excellence depuis des millénaires, revêtait bien plus souvent une image de contrat de vie que de belle histoire d'amour. Majoritairement au détriment des femmes, comme souvent.
Je ne pourrai pas revenir sur l'intégralité de l'histoire du mariage et du divorce, cela me prendrait un temps infini et de nombreux articles (je vous renvoie pour ceux que cela intéresse à creuser le sujet auprès du livre de Sabine Melchior Bonnet "Histoire du Mariage" dont je tire mes sources et qui est très instructif) mais dans un condensé, je vais tenter de vous résumer cette aventure qui a décidé de très nombreux destins.

Le rêve de nombreuses petites filles est de faire un beau mariage. Peut-être bien moins de nos jours, la priorité revenant à "trouver l'amour", mais combien d'entre nous sont déçus de voir des couples solides, des stars par exemple, qui annoncent leur divorce et nous forcent à croire qu'il est quasiment impossible de rester marié longtemps aujourd'hui.
Les données sur l'union avant l'Antiquité sont assez faibles. On sait que déjà l'homo-sapiens pouvait s'unir lors de rites sacrés, mais les conditions de ces unions restent floues, faute d'écrits.
Dans l'Antiquité en revanche, notamment la Rome Antique, le mariage est considéré comme un pacte entre le mari et le tuteur de la mariée, la plupart du temps, son père. Échange de bons procédés, dot (somme d'argent que le père offre en plus de sa fille, lui permettant de choisir le parti qu'il préfère), legs en tous genres, tout se donne et s'échange autour d'une mariée qui n'a guère son mot à dire. Puis il est défini de si le père garde les droits sur les biens, le mari ou la femme, ce dernier cas étant réservé à la noblesse. La famille peut alors se créer au sein du foyer.

Portrait de Giovanni Arnolfini et de sa femme
Jan Van Eyck, 1434
Car si il y a bien une notion qui fait du mariage ce qu'il est ‒ jusqu'au XXIe siècle qui bousculera les codes en autorisant dans de nombreux pays du monde le mariage homosexuel ‒, c'est la fondation d'une famille autour d'un noyau central que sont le père et la mère.
Au Moyen-Âge, l'Église prend possession du mariage et en fait un contrat sacré devant Dieu avec ses codes et ses règles strictes, non seulement dans les noces en elles-mêmes mais ensuite dans la vie commune des époux, favorisant, il va sans dire, l'homme. Saviez vous d'ailleurs que le terme "Mariage" vient du latin "Mas" qui signifie "Mâle" ?
Le sacrément se fait selon un rite initiatique très codifié, une messe, un échange d'alliances, de pièces, une prise de position de la dot, des terres, une remise de gages, s'en suivent l'installation symbolique des époux dans le foyer ‒ souvent chez les parents du mari où une fois ceux-ci décédés, l'épouse prendra seulement le titre de femme de la maison ‒ avec un banquet, où l'on rompt le pain et l'on boit à la même coupe. Enfin, la nuit de noce, où l'époux prend une totale possession de sa femme en la déflorant, c'est-à-dire en lui enlevant sa virginité, officiellement dans l'espoir d'une première procréation particulièrement de bonne augure si elle a lieu en cette nuit, officieusement pour en prendre le pouvoir. L'acte sexuel non consenti est aujourd'hui appelé viol. Mais ce sont des milliards de femmes depuis l'Antiquité qui ont passé des nuits entières, voir la totalité de leur mariage, à se faire violer par les époux dans l'encouragement du sacré mariage. Aujourd'hui encore dans le monde, les mariages forcés sont légions dans de très nombreux pays du monde et parfois même avant 15 ans.

Toutes les femmes de l'Ancien Régime sont-elles obligées de se marier ? Oui, à un homme ou à Dieu. À l'inverse, la vieille fille est condamnée au rang de ribaude, de sorcière si elle échappe à la société. Sinon elle sera mariée de force en fonction de son âge et donc de sa fécondité potentielle.
Plus le temps avance, plus les mœurs s'adoucissent sur la femme ne prenant pas d'époux, étant simplement reléguée, à la fin du XIXe siècle, au rang de "pauvre vieille fille" qui le plus souvent s'occupe de ses parents ou de bonnes œuvres. Le terme "vieille fille" reste néanmoins péjoratif encore aujourd'hui et les langues les plus archaïques l'emploient encore pour désigner une femme qui ne s'est jamais mariée ou n'a jamais vécu durablement en couple.

À la Renaissance, l'on commence à utiliser le mariage comme alliance entre les grandes familles. Les cas sont très nombreux et dans la royauté il est inenvisageable d’imaginer un mariage qui ne soit pas arrangé. Souvent, les enfants sont promis dès le plus jeune âge, dans une même famille ou dynastie, souvent entre pays, s'unissant dès la puberté à une culture et un protocole dont ils ignorent tout. Les futurs époux se font faire des portraits officiels de leur promis(e), n'ayant que cette image comme espoir d'un avenir marital heureux.
Car si le mariage d'amour est une notion qui commence à apparaître dans les campagnes, puis dans la bourgeoisie et la noblesse, autour du XVIIe siècle, il arrivait naturellement que les époux se plaisent et finissent par s'aimer à plus ou moins long terme, ou à défaut développent une certaine affection l'un pour l'autre, formant un ménage agréable.

Je pourrais vous donner un exemple que j'aime beaucoup, celui de la Duchesse d'Alençon, soeur de la célèbre Sissi, promise au roi de Bavière le beau Louis II en 1867. Cousins, se connaissant depuis l'enfance et promis en toute convenance, Sophie-Charlotte est très heureuse de ce parti qui lui est donné, et entretient une correspondance enflammée avec le jeune monarque plusieurs mois avant le mariage. Néanmoins, souffrant d'une profonde inconstance, le roi rompt ses fiançailles quelques jours avant les noces, à la grande déception de sa future femme.

Annonce des fiançailles (ratées) entre Louis II de Bavière et la (future) Duchesse d'Alençon 

Car le mariage, c'est avant tout le fait de trouver pour les familles le meilleur arrangement, le couple qui leur apportera à l'un comme à l'autre des gages d'une pérennité, en affaires par exemple dans les classes bourgeoises ou simplement l'assurance de quelques terres chez les paysans. Les femmes ont des enfants, et le père choisit à son tour de les marier selon ses préférences et ses arrangements.
La virginité reste néanmoins l'une des principale conditions de l'union, gage que la mariée n'a appartenu à nul autre.
Qu'arrivait-il à celles qui "fautaient" ou qui se faisaient violer avant les noces comme c'était souvent le cas notamment dans les campagnes ? Elles étaient mariées au plus vite au premier venu acceptant de passer l'éponge sur cette bavure, ruinant les espoirs du père de voir ses affaires se concrétiser par le mariage de son enfant. Souvent un vieux veuf bien heureux d'avoir une jeune nouvelle épouse encore fertile malgré sa condition faisait l'affaire. Et si la malheureuse était enceinte des fruits du viol, on expédiait l'enfant en campagne chez une famille d'adoptant et on achetait leur silence avec quelques sous.

Un couple aisé le jour de leurs noces, XIXe siècle

L'espoir subsistait néanmoins pour les femmes enchaînées à leur union, celle d'un veuvage. Perdre leur époux leur garantissait de récupérer leurs biens, leurs droits et de vivre seules dans une indépendance financière tout en restant honorables aux yeux de la société. À condition de posséder des biens tout naturellement. Sinon la perte d'un mari pouvait entraîner la femme à une grande misère voir à la prostitution.
Après la révolution française, en 1792, on décide d'accorder le droit de divorce et la dissolution d'un mariage (bien que certains monarques aient pu en bénéficier à différents motifs plus ou moins valables bien avant cette époque). Mais le nombre de mariages dissous (plus d'un sur trois !) est tel que ce droit est abrogé en 1816. Il faudra attendre 1884 pour que le divorce soit rétabli mais non sans motif. Il reste néanmoins assez mal vu jusqu'aux années 1980 où il devient quasiment banal. Aujourd'hui, les juges des affaires familiales demandent encore un motif au divorce mais une clause de "différents irréconciliables" permet de ne pas se justifier outre mesure.

Cette prison que peut sembler être le mariage a tout de même permis à de très nombreuses histoires d'amour de naître, ou au moins à de nombreux foyers heureux ou cordiaux de se former. Souvenez-vous par exemple des noces avec les marraines de guerre dont nous avons parlé précédemment. Le mariage a également été le terrain de jeu de très nombreux écrivains, permettant nombre de situation cocasses ou tragiques dans les œuvres et ne cesse encore aujourd'hui d'inspirer la satyre ou le romantisme.

Article : Hélène R.
Illustration : Lawlie

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